« Range ta chambre » ! A cette demande, votre enfant répond par une colère, il crie et tape des pieds. Adolescent, il râle : « tu m’embêtes… Pas maintenant… Laisse-moi… » et vous claque la porte au nez de son univers – sa chambre.
Un enfant refuse toujours, un jour ou l’autre, de ranger sa chambre. Cette opposition ponctue inéluctablement les grandes étapes du développement de votre enfant et ne peut être évitée. Sa première manifestation apparaît dès l’âge de deux ans lorsqu’il commence à maîtriser le langage en utilisant surtout le mot « non ». Le « oui » viendra beaucoup plus tard… Ces refus marquent, de l’enfance à l’adolescence, une acquisition progressive d’autonomie et d’indépendance. L’enfant a néanmoins toujours besoin de votre soutien et présence. Les « non-oui », même aux choses qu’il aime, traduisent son envie de choisir et d’être reconnu comme un individu à part entière. Il teste aussi votre autorité et vos limites en entraînant des confrontations souvent difficiles à vivre mais indispensables à son bon développement. Il mesure les conséquences de ses oppositions : réutilise les plus positives et abandonne les autres.
Accompagner, imposer ou convaincre ?
Il est normal de demander ou de souhaiter qu’un enfant ou un adolescent range sa chambre mais il faut que vous adaptiez votre demande à son âge.
Entre trois et cinq ans, l’enfant apprend en imitant. Présentez-lui le rangement comme un jeu et accompagnez-le dans cette tâche. Il a besoin de savoir par où commencer, et où ranger les différents objets.
Entre six et onze ans, il tend à se montrer plus autonome, il préfère ranger tout seul comme un grand. Cela ne signifie pas qu’il sache déjà le faire et qu’il accepte de le faire systématiquement. Proposez lui une autonomisation progressive. Exposez lui vos raisons, évitez de lui imposer le rangement ou de ranger à sa place.
Quand l’adolescent délimite son territoire…
L’adolescent, entre douze et dix-huit ans, tend à remettre en question les règles familiales et l’organisation. Sa chambre est à l’image de ce qui se passe dans sa tête (désordre affectif, sexuel, amoureux). Ce n’est pas parce qu’il a rangé jusqu’à présent sa chambre tous les dimanches qu’il va continuer à le faire. Il va sans aucun doute modifier l’organisation et marquer son refus ou sa paresse. Sachez aussi que votre adolescent s’oppose de préférence sur des sujets ou des règles d’éducation qui vous tiennent particulièrement à coeur.
Votre adolescent se cherche, il a besoin de moments de solitude dans un univers à lui.
Ne pas ranger sa chambre est pour lui un moyen de délimiter son territoire et de dire à ses parents « n’entrez pas ». Un peu de désordre paraît donc normal, ne lui imposez pas trop d’ordre, surtout de façon radicale et sans concession. Ne rangez pas à sa place (par exemple en son absence), frappez et attendez avant d’entrer. Ces comportements montrent votre respect de son intimité et votre attention à ses préoccupations actuelles.
Ne vous fâchez pas !
Si les règles ne sont pas arbitraires et les limites incohérentes, l’enfant ou l’adolescent est capable de les comprendre donc de les respecter. Evitez que l’un des deux parents autorise ce que l’autre interdit. Evitez également de punir un jour ce que vous autorisez le lendemain. L’incohérence entraîne la confusion chez l’enfant et augmente ses attitudes d’opposition.
Trop insister ou se fâcher pour se faire obéir ébranle votre autorité. De telles attitudes révèlent d’ailleurs plus un manque d’autorité. Il est primordial de céder sur ce qui n’est pas important, de négocier autour de ce qui compte temporairement. Vous devez penser à faire évoluer les règles tout en restant ferme sur ce qui ne peut être remis en question.
Si vous insistez sur la nécessité de ranger sa chambre, assurez-vous que votre enfant comprend le sens et les objectifs de votre requête. Ne se sentant pas concerné et impliqué, il désobéira.
Aux questions « m’aime-t-il » ou « m’embête-t-il », la réponse est oui : avant tout, son opposition a pour but de vous blesser sur le coup, il ne pense pas ce qu’il dit et oublie vite. Il le fait aussi pour vous embêter, vous provoquer et tester votre résistance à la colère. Il cherche le rapport de force et essaye de vous faire céder. Vous ne devez surtout pas remettre en question son affection : son comportement est tout à fait normal.