Savoir dire non à son enfant n’est pas toujours facile. Pourtant, il faut apprendre à rester ferme. Quand nos « non » sont de vrais non, ils forment de véritables barreaux d’échelle à la croissance de nos enfants.

Ah ! la tentation de céder ou de ne pas imposer de limites à nos enfants ! Parce que l’idée de les frustrer nous bouleverse ; parce que nous ne voulons pas jouer le rôle du méchant comme ils ne manqueront pas de nous le dire ; parce que nous préférons éviter un conflit, etc.

Qui s’y frotte, s’y pique. Qui s’y pique grandit !

Mais céder à cette tentation revient un peu à lancer quelqu’un dans une voiture sur une route de montagne la nuit sans garde-fous, sans éclairage et sans qu’il sache conduire…

Et oui, la frustration est nécessaire ! Nous sommes donc invités à assumer les désaccords qui ne peuvent manquer d’exister avec nos enfants. Ces désaccords doivent même exister. Il est tout à fait fondateur pour l’enfant de pouvoir se frotter à l’opposition de ses parents et d’affronter leur contestation. A l’adulte de tenir le coup ! Tout en respectant la position de l’enfant qui est légitime bien sûr : « ah, tu aimerais bien… ? Je comprends » ou « Je crois que tu es déçu, triste, en colère… je comprends, c’est difficile de ne pas toujours faire ce qu’on veut quand on veut, c’est vrai ».

Les enfants ont besoin de se  » cogner  » aux limites de la réalité pour grandir. Ces limites, ce sont notamment nos  » non  » qui les posent.
Imaginez un peu ce qu’il arriverait si les limites de la réalité s’effritaient dès qu’on en testait la solidité ? Pour reprendre l’image de la route de montagne, imaginez que le garde-fou disparaisse au moment où nous nous appuyons dessus…

Pas question de céder mais…

L’enfant a besoin que « non » soit « non ». Il a besoin du cadre que pose le « non » pour pouvoir s’aventurer à grandir. Si les interdits et les refus que nous posons ont du sens, posent un sens, il le comprend très vite. Ils sont, dès lors, sécurisants.

Pour autant, ne tombons pas dans une rigidité aveugle. Il s’agit de trouver le juste équilibre (toujours mouvant) entre trop d’interdits et pas assez… Mais, dès lors qu’on le dit, non c’est non. Et l’enfant va mettre à l’épreuve ce « non ». C’est son rôle.

Ce faisant, il nous invite – vivement – à connaître nos « non » : non parce que c’est la loi ? parce que je suis trop jeune ? que tu as peur ? que papa n’est pas là ? Non-non ou non-oui ? Non tout le temps ou juste quand grand-mère est là ?…

Si non c’est non, oui c’est oui

Connaître (et reconnaître) nos différents « non » nous aide à affronter sereinement l’infatigable questionnement. En voici trois classiques : « Non, parce que c’est la loi, c’est interdit, c’est dangereux, et c’est valable pour tous, grands et petits, adultes et enfants » ; « non parce que tu es encore trop jeune, petit(e), pas assez fort(e), habile etc. mais ne t’en fais pas ça va venir » ; et « non, je suis fatigué(e), pas aujourd’hui, je n’ai pas envie etc… »

Dans le premier cas, il n’y a rien à discuter. Dans le deuxième, l’enfant peut nous convaincre de l’insanité de ce refus… qui perd ainsi sa raison d’être : « Alors, voilà, tu as grandi à ce point. Hé bien, maintenant tu as le droit de ceci, tu peux cela, etc… » Et dans le dernier cas, il apprend que notre disponibilité, nos limites sont, comme la vie, en perpétuel mouvement.

On aidera aussi l’enfant en précisant notre  » non  » : « tu risques de te couper », « je n’ai pas le temps », « je ne veux pas »…
Ces précisions seront succinctes et le plus concrètes possible avec un petit qui n’a pas encore l’âge de raison. Elles pourront devenir de véritables explications chez un enfant de plus de sept ans. Et elles ouvriront éventuellement sur un débat avec le jeune adolescent (pourquoi ne pas fumer, ne pas aller faire la fête avec sa mobylette, etc.).
Et puis, si nos « non » sont de vrais non, alors nos « oui » peuvent être de vrais oui. Pas des « oui-non » ni des « oui mais », des vrais « oui ». Qui, comme les vrais « non » sont de vrais barreaux à l’échelle de croissance des enfants…